16 mai 2016

New York Sketches – Renaud-Gabriel Pion

Multi-instrumentiste – clarinette basse, cor anglais, saxophone, flûte basse, piano… – et artiste aux talents variés – musique et photographie –, Renaud-Gabriel Pion navigue entre musique répétitive (First Meeting – 2000), musique du monde (Qalandar – 2015) et avant-garde (Paradise Alley – 2008, Voices In A Room – 2015). New York Sketches, son cinquième disque, sort en avril 2016 chez DUX Jazz. Pion s’inspire de toutes les influences qu’il puise dans cet inépuisable creuset qu’est New York.

Treize des quinze morceaux ont été composés par Pion, « Palestrina » est signé Ryuichi Sakamoto, et « Eternity Is A Long Time » (phrase souvent attribuée à Woody Allen) est une variation sur le Piano Phase de Steve Reich. Les titres évoquent la Grosse Pomme : « The New CPW » pour Central Park West, « Raggamuffin Brooklyn », « Punjab to NY »,  « B Train » pour la ligne de métro (mais aussi un clin d’œil à Duke Ellington), « New Moon Over City Hall »…

Pion assure lui-même toutes les parties, mais invite également Arto Lindsay (DNA, The Lounge Lizards…), Barbara Gogan (The Passions), Iva Bittová, Erik Truffaz et Sakamoto. Pion ajoute une touche de réalisme citadin en parsemant sa musique de bruits de rue (« One Man Fanfare In A Cab »), un brouhaha (« Punjab To NY »), des voix off radiophonique (« Radio Audience »), des roulements de train (« 2nd Opening Night »), des sirènes de police (« Eternity Is A Long Time »)…

Des mélodies soignées, des développements sans structure préconçue, une organisation des voix tracée au cordeau… New York Sketches est un melting pot musical : lyrisme exacerbé par un saxophone réverbéré et lointain (« The New CPW »), blues dans un décor jungle à la Ellington (« 2nd Opening Night »), réminiscences New Orleans (« One Man Fanfare In A Cab »), fond rythmique africain (« Punjab To NY »), atmosphère latine (« Sourceless Light »), environnement pop dans un style Music-Hall (« Land »), traits de ragtime (« Raggamuffin Brooklyn »), climat minimaliste répétitif (« Traffic Jam! »), ambiance d’Europe centrale (« Extérieur nuit 2 »)… Le tout sur des tempos plutôt tranquilles.

Entre la nostalgie des années folles et du Pop Art et la magie du New York d’aujourd’hui, Pion livre sa vision de « la ville qui ne dort jamais » dans un disque qui se parcourt comme un album photo personnel.