11 mai 2016

Michael Wollny Trio au Goethe Institut

Le 28 avril, MichaelWollny se produit avec son trio sur la scène du Goethe Institut à Paris devant une salle archi-comble. Le public rassemble aussi bien des amateurs et des journalistes, que des étudiants, des habitués de l’institut, des familles, des lauréats d’un concours radiophonique, un groupe d’anciens d’HEC… L’audience est pour le moins hétéroclite, fait plutôt rare dans le microcosme du jazz, mais c’est tant mieux !


Wollny est accompagné de ses compères habituels : Christian Weber à la contrebasse et Eric Schaefer à la batterie. Le trio interprète principalement le répertoire de Nachtfahrten, sorti en octobre 2015 chez ACT.

Le disque met en relief une forme de lyrisme esthète à tendance minimaliste, sans doute accentuée par la prise de son élégante et la brièveté des morceaux (autour de trois minutes). « Questions In A World Of Blue », qui ouvre la soirée, et « Nachtfahrten », qui la conclut, sont sans doute les deux morceaux les plus proches des versions du disque. Mais, en concert, Wollny, Weber et Schaefer enchaînent les thèmes en glissant sur des transitions inventives, laissent éclater l’éclectisme de leur jeu et développent leurs discours sans contrainte.

Les grandes caractéristiques de Nachtfahrten sont évidemment présentes : introductions rythmiques, pédales et ostinatos, motifs de basse puissants, batterie éloquente, mélodies finement ciselées, touches romantiques ou contemporaines… sans oublier les accents folk et pop qui émaillent le jeu du pianiste. Cela dit, les thèmes servent avant tout de prétextes à des digressions tous azimuts. Le trio n’hésite pas à lâcher prise pour plonger dans des envolées free ou bruitistes, portées par l’archet de Weber, les percussions de Schaefer et les cordes du piano de Wollny (sur lesquelles il met, par exemple, des verres à pied pour obtenir un son qui ressemble un peu à celui d’une épinette). Ils partent aussi dans des embardées déchaînées : le pianiste plaque des clusters avec ses avant-bras, la contrebasse rugit et la batterie explose dans un martèlement frénétique de tambours et de cymbales. Mais le trio ne rechigne pas non plus à jouer une walking et un chabada dans la pure tradition bop, qui, il est vrai, part rapidement dans une cavalcade effrénée… Ou encore, des passages binaires entraînants, pimentés de traits bluesy.

                
Wollny, Weber et Schaeffer s’observent, s’écoutent, rebondissent sur les idées des uns et des autres, font circuler la musique et se donnent à fond. Le résultat est là : la musique est intense, tendue, vivante, originale…