31 janvier 2016

Cross Ways - Myriam Alter

Cross Ways
Myriam Alter
Luciano Biondini (acc), John Ruocco (cl), Michel Massot (tuba, tb), Michel Bisceglia (p), Nic Thys (b) et Lander Gyselinck (d).
Enja – ENJ-9626 2
Sortie le 7 décembre 2015

Myriam Alter a suivi un parcours pour le moins inhabituel : cours de piano classique, licence de psychologie, publiciste, directrice d’une école de danse… avant d’en venir au jazz. En 1994, elle enregistre Reminiscence, puis, en 1996, Silent Walk, deux disques pour lesquels Alter a composé tous les morceaux et dans lesquels elle joue du piano. En 1999 et en 2002, pour Alter Ego et If, elle cède le piano à Kenny Werner et fait interpréter ses compositions par un quintet. Même approche pour Where Is There (2007), mais si Joey Baron est toujours à la batterie, Werner, lui, a laissé la place à Salvatore Bonafede. Toujours chez Enja, Alter sort Cross Ways en décembre 2015.

Le clarinettiste John Ruocco (présent depuis If) est aux côtés de Luciano Biondini à l’accordéon, Michel Massot au tuba et au trombone, Michel Bisceglia au piano et aux arrangements, Nic Thys à la contrebasse et Landers Gyselinck à la batterie. Tous les morceaux ont été composés par Alter et elle joue en solo « No Room To Laugh », dédié à Mal Waldron.

Marquée par le tango (« No Man’s Land », « Dancing WIth Tango »), les musiques latino (« Weird Mood ») et le musette (« Don’t Worry »), les compositions d’Alter sont avant tout romantiques (« Again », « Inviting You »…), et son solo – une mélodie poétique sur des motifs de tango – reste dans une veine sentimentale. Les arrangements de Bisceglia, d’une élégance impeccable, reposent sur des contrepoints sophistiqués (« Back To Dance ») ou des échanges qui relèvent de la musique de chambre (« Inviting You »). Bisceglia et Biondini se partagent les parties lyriques, mais c’est à l’accordéon de faire danser les morceaux, sur des motifs de contrebasse minimalistes (sauf dans ses solos, de haute volée – « Above All ») et une batterie légère et souple. Quant à Ruocco, il emmène sa clarinette sur les sentiers du vingtième (« No Man’s Land »), avec des phrases profondes (« Again ») et un jeu raffiné (« Inviting you »).

Si l’univers musical d’Alter évoque bien sûr un Astor Piazzolla romantique, il peut également rappeler la bande originale d’un film romanesque. Cross Ways est assurément un disque classe !