22 novembre 2014

Octobre 2014

Monk’n’Roll au New Morning…

Au New Morning, le 13 octobre 2014, un peu plus d’un an après la sortie de Monk’n’Roll, le Tinissima 4et donne le dernier concert d’une tournée qui a traversé la France, de Tourcoing à Porquerolles...
Le New Morning se remplit lentement, mais sûrement. Finalement la salle est quasiment pleine quand le concert démarre. Né à la fin des années soixante-dix à… Genève, le New Morning s’est dédoublé à Paris en 1981, sous l’impulsion d’Eglal Fahri ! A un pâté de Château d’Eau et une encablure du Manoir de Paris, la salle est devenu l’un des hauts lieux de la musique à Paris. Francesco Bearzatti et sa bande ont été inspirés de se produire Monk’n’Roll dans une salle qui a vu aussi bienArt Blakey que Chet Baker y jouer, mais aussi Prince ou Soft Machine… Un panachage bien dans l’esprit du Tinissima 4tet.
Depuis 2008, le Tinissima 4tet n’a pas changé : Bearzatti est au saxophone ténor et à la clarinette basse, Giovanni Falzone à la trompette et aux effets vocaux, Danilo Gallo à la guitare basse etZénon de Rossi à la batterie. Après un hommage à l’aventurière italienne Tina Modotti et une mise en musique de la vie de Malcolm X, le Tinissima 4tet s’est attaqué à Thelonious Monk.

Comme le titre du disque, Monk’n’Roll, le laisse présager, le Tinissima 4tet a une lecture particulière du répertoire de Monk. Bearzatti et ses acolytes incorporent habilement des rythmes et des lignes mélodiques de tubes pop et rock à chaque morceau de Monk : « Back In Black » (AC/DC) dans « Trinkle Tinckle » ; « Walk This Way » (Aerosmith) dans « Straight No Chaser » ; « Billie Jean » (Michael Jackson) dans « In Walked Bud » ; « Another One Bites The Dust » (Queen) dans « Bemsha Swing » ; « Walking On The Moon » (Police) dans « ‘Round Midnight »… Le concert reprend le répertoire de Monk’n’Roll, rejoue « Straight No Chaser » en bis et une version java de « Ce soir on vous met le feu » en rappel !
Bearzatti et Falzone sont des vraies bêtes de scène : deux piles à haute tension, totalement habités par leur musique, bourrés d’humour et complices jusqu’au bout des doigts. Falzone fait chanter le public en jouant sur les rythmes et le volume, Bearzatti lance une veillée aux chandelles pour accompagner « Criss Cross » (panaché avec « Walk On The Wild Side » de Lou Reed), les spectateurs se lèvent pour danser sur « Walk This Way »… La standing ovation n’est pas volée !
Côté musique, le concert est proche du disque. De Rossi confirme sa force de frappe, sa régularité et son aisance dans les climats binaires (« Back In Black »). Gallo et sa basse servent de colonne vertébrale au quartet : il joue des lignes et des rifs de basse emblématiques (« Another One Bites The Dust », « Billie Jean », « Walk This Way »…).  Falzone passe du four – virtuosité lyrique à la trompette – au moulin – vocalises, hurlements, chants, bruits de bouche, sifflets… – avec un expressionisme exacerbé (« Bemsha Swing »). Bearzatti joue du son velouté et de l’agilité de sa clarinette pour installer des ambiances presque contemporaines (« Mysterioso »), tandis qu’au ténor, sa dextérité et sa sonorité métallique imposante se mettent au service des rocks les plus hard (« I Mean You »), d’autant plus qu’il électrifie son saxophone pour se transformer en véritable guitar hero – jeu de scène compris – (« Trinkle Tinckle », « Straight No Chaser »).
Si les moments loufoques – dialogues d’oiseaux, ritournelles folkloriques, citations de la Marche Funèbre ou de « Jean-Pierre », jeux avec le public… – ne manquent pas, ils s’insèrent toujours parfaitement dans la musique du Tinissima 4tet entre les sauts d’intervalles de Bearzatti, les contrepoints sophistiqués de Falzone, les phrases élégantes de Gallo et les chorus subtils de de Rossi.
Bearzatti le dit lui-même : « j’aime les extrêmes, de la douceur à l’agressivité, mais je ne trouve rien au milieu ». Ce jusqu’auboutisme, le Tinissima 4tet l’applique à la lettre dans sa musique et dans son jeu de scène, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Vivement leur prochain projet !



A la découverte de… Sal La Rocca

Entre le trio de Michel Grailler, Mâäk’s Spirit, Dani Klein, Denise King, Anne Ducros, Vaya Con Dios, IglooIt Could Be The End…  Sal La Rocca est devenu l’un des contrebassistes clés des scènes du jazz belge et d’ailleurs !

La musique
1983 : j’ai un peu plus de vingt ans et cohabite avec un saxophoniste qui est féru de jazz et possède une belle collection de disques. Il aime sincèrement le jazz, et me fait découvrir cette musique de Duke Ellington à l’Art Ensemble of Chicago. J’ai littéralement craqué sur cette musique, moi qui étais dans une période de « vide musical»
Un jour, ce même ami me regarde – moi qui portais une grosse barbe à l’époque – et me dit que j’ai une tête de bassiste… Je l’ai pris au mot et me suis inscrit à la première académie en Solfège ! Ils m’ont prêté une basse, puis j’ai commencé à apprendre et à avoir des engagements. Ensuite, j’ai rencontré un prof privé qui était superbe. Et c’est ainsi que tout a commencé !
La suite de mon parcours est .

Les influences
Tous les grands contrebassistes m’ont influencé : Paul Chambers,Scott LaFaroPercy HeathRon CarterRay Brown, etc.

Cinq clés pour le jazz
Qu’est-ce que le jazz ? Pouvoir exprimer ce que l’on ressent au plus profond de soi avec des notes.
Pourquoi la passion du jazz ? Il n’y a pas de frontières… Il est possible de débarquer dans n’importe quel club de jazz dans le monde et de pouvoir jouer sans préparation, avec d’autres musiciens de jazz.
Où écouter du jazz ? La nuit dans un endroit calme.
Comment découvrir le jazz ? Ecouter le jazz de ses origines à nos jours, pour comprendre son évolution.
Une anecdote autour du jazz ? La rencontre de Bud Powell etThelonious Monk : ils sont restés, paraît-il, plus de deux heures face à face sans échanger un seul mot.

Le portrait chinois
Si j’étais un animal, je serais un lion
Si j’étais une fleur, je serais un lys,
Si j’étais un fruit, je serais une cerise,
Si j’étais une boisson, je serais de l’eau de Spa,
Si j’étais un plat, je serais des spaghettis à la sauce tomate et au basilic,
Si j’étais une lettre, je serais S,
Si j’étais un mot, je serais Paix,
Si j’étais un chiffre, je serais 3,
Si j’étais une couleur, je serais bleu,
Si j’étais une note, je serais Sol.


Les bonheurs et regrets musicaux
Un sommet a été le concert avec Richie Beirach, pendant Jazz à Liège 2006, avec Steve Houben, et enregistré par la RTBF. Sinon, je regrette de n’avoir pas connu LaFaro de son vivant.

Sur l’île déserte…
Quels disques ? Money Jungle d’Ellington, Charles Mingus et Max Roach.
Quels livres ?  Bouvard et Pécuchet et Salammbô de Gustave Flaubert.
Quels films ? Un nommé La Rocca (1961).
Quelles peintures ? La nuit étoilée de Vincent Van Gogh.
Quels loisirs ? Ma famille, le cyclisme et le jardinage...

Les projets
La préparation d’un troisième album, mais chut : c’est top secret !… Sans compter quelques projets encore en chantier !...

Trois vœux…
  1. Avoir le plaisir et l’honneur de jouer un jour avec Georges Coleman
  2. Jouer avec mon groupe en Angleterre : je n’ai jamais mis les pieds au Royaume-Unis…
  3. Enfin : LA PAIX DANS LE MONDE !

Source

« Colorful Jazz Without Boundaries » : 2011, à Fribourg, au pied de la Forêt Noire, le long du Dreisam, une saxophoniste (et flûtiste) allemande, un pianiste français et un percussionniste brésilien – tous installés à Lyon ! –donnent leur premier concert en trio… Le feeling est bon, le trio Dreisam est né !
Deux ans après, Nora KammCamille Thouvenot et Zaza Desiderio s’installent au Studio La Buissonne, avec l’inévitable Gérard de Haro, pour enregistrer un album qui porte un nom de circonstance : Source. Le disque sort en septembre chez Absilone. Quatre thèmes sont de Kamm, autant de Thouvenot et deux de Desiderio.
La pochette cartonnée est pour le moins originale : non pas pour le fonds blanc et sa courbe rouge épurés et élégants, mais pour le disque qui s’extrait grâce à un dépliage aussi simple que spectaculaire…
Avec une sonorité veloutée splendide, aussi bien à l’alto qu’au soprano, une mobilité impressionnante et une mise en place rythmique solide, Kamm illumine Source. De sa formation classique, Thouvenot a conservé une indépendance des mains confondante et un sens de la construction musicale charpenté, auxquels il ajoute une vision chambriste du jazz et de l’humour (la citation de « Take The A Train » dans « Crazy Bob »). Quant à Desiderio, son jeu versatile – puissance, finesse et danse –  s’adapte parfaitement à l’esprit du trio et lui apporte une pulsation chaleureuse.
Des mélodies sophistiquées très vingtièmes (« Corazón »), entraînantes (« Allein in Belgrad » et ses touches orientales) voire latines (« Bergerio ») ; des dialogues touffus (« Tout petit bout »), parsemés d’ostinatos (« Déménagement »), de contrepoints (« Pauline ») ou d’unissons (« Primavera ») ; des rythmes de boîte à musique (« Crazy Bob »), emphatiques (« Realidade ») ou heurtés  et vifs (« Schöne Frau »)… la musique de Dreisam possède indéniablement un caractère bien trempé.
Source est le disque d’un trio en parfaite symbiose, fait d’échanges, plein de connivence et d’une modernité savoureuse.
Les musiciens
Flûtiste dans le Frankurter Bläserphilharmonie dès douze ans, Kamm s’oriente vers le saxophone à dix-sept ans. En 2010, elle s’installe à Lyon, étudie au Conservatoire, à l’Ecole Nationale de Musique et multiplie les master class (Bobby WatsonEdward SimonGilad Atzmon…). Récemment, Kamm s’est produite en duo avec Andy Sheppard.
Sorti du Conservatoire de Nîme avec plusieurs prix en classique (dont le Diplôme d’Etudes Musicales de piano classique) et en jazz, Thouvenot suit les cours de Mario Stantchev au Conservatoire de Lyon, où il obtient son DEM de jazz. Il a eu l’occasion de jouer avec Byard LancasterKenny BarronRoger Guérin et, depuis deux ans, en duo avec Jean-Charles Richard.
Né à Rio de Janeiro, Desiderio apprend d’abord la guitare, mais passe vite aux percussions et devient batteur professionnel à seize ans. Il joue dans de nombreux groupes carioca jusqu’aux années deux mille. Après une tournée en Europe, il décide de s’installer à Paris, puis à Lyon, en 2010. Desiderio a accompagné moult artistes, d’Idriss Boudrioua à Nelson Veras, en passant par Ray LemaMarcia Maria,Frédéric Viale etc.
Le disque
Source
Dreisam
Nora Kamm (ss, as, ts), Camille Thouvenot (p) et Zaza Desiderio (d).
Diapason / Absilone – DIA002
Sortie en septembre 2014.
Liste des morceaux
01. « Déménagement », Thouvenot (06:26).
02. « Primavera », Desiderio (03:29).
03. « Realidade », Kamm (05:32).
04. « Corazón », Thouvenot (05:23).
05. « Allein in Belgrad », Kamm (05:34).
06. « Pauline », Kamm (03:43).
07. « Crazy Bob », Thouvenot (05:19).
08. « Schöne Frau », Thouvenot (04:08).
09. « Tout petit bout », Kamm (05:27).
10. « Bergerio », Desiderio (03:42).