22 novembre 2014

Juin 2012

Alessandro Candini – The Other Side

L’Italie n’a pas fini de marquer le piano jazz de son empreinte : Alessandro Candini vient rallonger une liste déjà impressionnante de pianistes d’exception : Rita MarcotulliAntonello Salis,Enrico PieranunziGiovanni MirabassiNico Morelli,Franco D’AndreaStefano BollaniAntonio Faraò,Danilo Rea… et la liste est encore longue !
Diplômé du conservatoire national supérieur de musique Arrigo Boito à Parme, Candini commence une carrière de concertiste classique au Teatro Regio. Il découvre ensuite la musique contemporaine, l’improvisation et le jazz. Installé à Paris, Candini joue dans les contextes les plus divers : de S Mos à Andy Emler en passant parBernard Désormières et Pierre Santini. Le pianiste compose aussi bien pour le théâtre que pour la danse, mais aussi pour des spectacles autour de la poésie et de la littérature.
The Other Side sort le 15 juin sur un nouveau label créé en 2011 :Instant Présent. Pour son premier disque, Candini a choisi d’improviser en solo sur douze compositions personnelles. Pour garder la spontanéité de l’improvisation et rester le plus proche possible de l’esprit du jazz, il a pris le parti d’enregistrer dans les conditions d’un concert, en une journée.
The Other Side est construit sous forme de deux suites de quatre mouvements, une suite de trois mouvements et un morceau final. Candini enchaîne les mouvements sans interruption. « Behind the Mirror », « The Other Side », « A New World » et « Open the Door » forment un ensemble mélodieux, volontiers mélancolique, voire romantique. Les dialogues sinueux entre la main droite et la main gauche, le phrasé souvent rubato, les ostinatos, le touché puissant, les jeux sur les nuances sonores… ne sont pas sans rappeler Keith Jarrett. Rythmés, bondissant et enjoués, « 101 », « Repeat », « Rewind »  et « Bug » naviguent davantage entre free et contemporain, avec moult déconstructions mélodiques, sur des lignes de basse tantôt dansantes, tantôt heurtées. Dans « The Edge of the World », « Breath of Soul » et « The Frontier », Candini passe à une ambiance grave et majestueuse. La conclusion de l’album, « Breaking the Surface », plante un décor digne d’un dojo avec des cris violents qui viennent ponctuer la mélodie.
Côté pile, un pianiste classique portée sur l’improvisation contemporaine ; côté face, un musicien de jazz épris de lyrisme. The Other Side est une synthèse harmonieuse et réussie des deux univers de Candini.
Le disque
The Other Side
Alessandro Candini (p)
Instant Présent
Sortie le 15 juin 2012
Liste des morceaux
01. « Behind the Mirror » (5:41).            
02. « The Other Side » (6:44).     
03. « A New World » (3:42).                    
04. « Open the Door » (4:09).                  
05. « 101 » (6:11).
06. « Repeat » (4:21).                    
07. « Rewind » (5:02).                   
08. « Bug » (3:07).  
09. « The Edge of the World » (6:18).                
10. « Breath of Soul » (7:14).       
11. « The Frontier » (4:12).           
12. « Breaking the Surface » (2:09).
Tous les morceaux sont signés Candini.

Tout finira bien – Mouton mouillé

En 2008, Gilles Bourgain(chant et flûte) et Florent Hubert (clarinette et saxophone ténor) créent Tout finira bien avec Simon Tailleu (contrebasse et basse électrique) et Stéphan Caracci (percussions). Deux ans plus tard, Le groupe s’étoffe avec l’arrivée deSébastien Llado (trombone et coquillages). Tout finira bien sort son premier disque,  Mouton mouillé, en octobre 2011 chez AhPon Records.
Bourgain apprend la flûte (à bec et traversière) au conservatoire de Gennevilliers. Il s’oriente ensuite vers la musique pour la danse, le théâtre, le jazz et le slam (il accompagne Grand Corps Malade depuis le début des années deux mille).
Après ses études au conservatoire du dixième arrondissement de Paris, Hubert se tourne vers le jazz. Il intègre les big bands de Jean-Loup Longnon et Franck Amsalem, joue dans le Quartet à claques d’Hervé Pouliquen, monte un trio et un quartet avec Jean-Luc Roumier (g),Laurent Fradelizi (b) et David Georgelet (d) et fait partie du Nagual Orchestra.
Primé du conservatoire de Marseille et de l’Institut Musical de Formation Professionnelle de Salon de Provence, où il a étudié avecMichel ZéninoAndré Villegier et Mario Stanchev, Tailleu s’est fait connaître avec Newtopia de Raphael Imbert et In & Out de Cyril Benhamou. Elève du CNSMDP, Tailleu a joué avec Ambrose AkimnusireThomas EncohYaron HermanStéphane Belmondo
Caracci suit un parcours parallèle à celui de Tailleu : vibraphone et batterie au conservatoire de Marseille et au CNSMDP, musicien de Newtopia et de In & Out, accompagnateur de Yaron HermanZim Ngqawana… et membre du Tentet d’Hervé Sellin.
Superflu de présenter une nouvelle fois Llado : le public a pu l’entendre avec l’ONJ, les Spice Bones, Le sacre du tympan… ou son quartet avec lequel il a enregistré Avec deux ailes.
En dehors de « Silence » et « Taxalatrapa » composés par Jean-Yves Bourgain, ou « Tendre », signé de la comédienne et chanteuseGeneviève Voisin, les douze autres morceaux ont été écrits par Bourgain et arrangés par Hubert. « Ces matins-là » donnent le ton : sonorité acoustique chaleureuse, paire contrebasse – batterie entraînante, interventions rythmées des souffleurs, paroles et figures de style recherchées. Les morceaux sont assez courts et s’appuient sur des rythmes variés et dansants : bop (« Ces matins-là »), comptine (« Noël 1 » et « Noël 3 »), marche (« Noël 2 », « J’ai marché »), rock (« Taxalapatra »), valse (« Quand elle »), « tropical » (« Pierrot »)…
Tout finira bien se situe à la croisée du jazz et de la chanson à texte, sur les traces du Serge Gainsbourg de « Black Trombone » (Serge Gainsbourg N°4 en 1962), à l’instar de « Silence ». Les jeux avec les mots, les combinaisons phonétiques et les textes décalés de certaines chansons (« Mouton mouillé ») évoquent aussi les surréalistes et dada. Quant à l’humour poétique, omniprésent dans le disque, il trouverait peut-être davantage sa source chez Boris Vian. Le slam reste sous-jacent tout au long de l’album, en particulier dans le phrasé et, de manière encore plus évidente, dans les morceaux déclamatoires (« Ma Belgique », « Dis »).
Hubert et Llado ont avant tout un rôle de chœur avec des interventions à l’unisson (« Dis », « Ma Belgique ») ou en contrepoints (« J’ai marché »). Leurs chorus, plutôt brefs, restent souvent en ligne avec la chanson (« Ces matins-là »), avec quelques envolées plus libres (« Pomme », « Quand elle »). La voix de Jeanne Sicre (« Tendre » et « Pomme ») et la flûte de Bourgain apportent une touche aigüe qui enrichit la palette sonore du quintet. En l’absence de piano et de guitare, Tailleu joue un rôle spécial dans la musique de Tout finira bien : sa sonorité grave et boisée s’accorde bien avec la voix de Bourgain (duos de « Mouton mouillé », « J’ai marché »), ses lignes enlevées renforcent le swing (« Ces matins-là »), ses rifs entêtants soulignent la mélodie (« Ma Belgique ») et le grondement de sa basse électrique affermit l’ambiance rock de « Dis ».  Caracci se met entièrement au service du quartet : un jeu léger et subtil qui laisse de l’espace à la voix de Bourgain, des roulements serrés pour accompagner l’ostinato de la contrebasse dans « Ma Belgique », une frappe binaire dans les passages rock (« Dis », « Taxalapatra »)… Quant à Bourgain, sa diction claire, son timbre médium à grave et son phrasé décontracté mettent bien en relief les textes. Bourgain pimente ses chansons de touches dissonantes, d’accélérations et de quelques vocalises, mais son chant reste plus proche de celui des chanteurs populaires que de celui des jazz singers.
Mouton mouillé met l’accent sur le caractère des textes autant que sur la qualité de la musique. Ni vraiment jazz, ni tout à fait variété, Bourgain et Tout finira bien proposent une musique en marge des courants, poétique et personnelle.
Le disque
Mouton mouillé
Tout finira bien
Gilles Bourgain (fl, vcl), Florent Hubert (cl, ts, mélodica), Sébastien Llado (tb, coquillage), Simon Tailleu (cb, elb) et Stéphan Caracci (perc).
AhPon Records – ARI1MA
Sortie en octobre 2011.
Liste de morceaux
1. « Ces matins-là », paroles de Gilles Bourgain & Jean-Yves Bourgain (03:52).
2. « Tendre », paroles Geneviève Voisin (03:19).
3. « Pierrot » (03:29).
4. « Pomme », paroles de G. Bourgain & J.-Y. Bourgain (03:05).
5. « Nöel 1 » (01:01).
6. « Ma Belgique », musique Hubert (04:32).
7. « Mouton mouillé » (04:09).
8. « Dis » (04:38).
9. « Nöel 2 » (01:48).
10. « Entre-deux » (02:59).
11. « Taxalapatra », paroles de J.-Y. Bourgain (03:41).
12. « Silence », paroles J.-Y. Bourgain (02:26).
13. « Quand elle », paroles de G. Bourgain & J.-Y. Bourgain (02:47).
14. « Nöel 3 » (01:26).
15. « J’ai marché » (04:18).
Paroles et musique de Bourgain sauf indication contraire.

Sacré soirée à l’Ermitage !

Dave Douglas à la Cité de la musique, Yaron Herman au Festival Jazz à Saint-Germain-des-Près, Roberto Fonseca au Théâtre du Vésinet, Esperanza Spalding à La Cigale… Les parisiens ont de quoi occuper leur soirée du 23 mai !
Mais c’est au Studio de l’Ermitage, dans le vingtième arrondissement, qu’il faut être pour s’échapper des sentiers battus et assister au double concert que le Jean-Charles Richard Trio et le Quintet résistance poétique de Christophe Marguet donnent à l’occasion de la sortie de leur disque.
La salle est comble et les journalistes – Arnaud MerlinStéphane Ollivier… - croisent les nombreux musiciens venus écouter leurs confrères : Antoine HervéVéronique WilmartLouis Moutin,Guillaume de ChassyFrançois MervilleManu Codjia… Régis Hubyest évidemment de la fête car Traces et Pulsion sortent tous les deux sur Abalone, le label qu’il a créé en 2010. 

Traces - Jean-Charles Richard Trio
Inutile de présenter pour la énième fois Richard : le saxophoniste est de tous les fronts, de ses multiples projets à la Leçon de jazz d’Hervé, en passant par Danzas (Jean-Marie Machado), Spoonbox (Claudia Solal), la classe de Jazz et de Musiques Improvisées du Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris, le Quintet résistance poétique etc.
C’est en 2009, à l’occasion de l’émission de Radio France, Jazz sur le vif, que Richard forme un quartet avec Roberto Tarenzi au piano,Peter Herbert à la contrebasse et Wolfgang Reisinger à la batterie.
Le programme du concert reprend six des dix morceaux du disque, tous composés par Richard, sauf « Neige Grave », signé Herbert.
Comme sur le disque, c’est avec « Tumulte » que le trio entame le concert. Un morceau sur les chapeaux de roue : thème-rif énergique mélodico-rythmique énoncé par le baryton, roulements vifs et foisonnants de la batterie, et motifs rythmiques profonds de la contrebasse.
Dans « Wiener », la discussion à trois basée sur des échanges de petites phrases courtes et heurtées évoque la musique contemporaine.
Après une introduction impressionnante d’Herbert à l’archet et de Richard au baryton, « Le reliquaire du bonheur » reste dans une ambiance majestueuse, impression renforcée par le jeu grandiose de Reisinger aux mailloches.
Changement de décor avec « Firmament » : un hommage à Gérard Grisey (précurseur de l’« écriture spectrale » avec Tristan Murail etHugues Dufourt), en solo, au baryton, en souffle continu, avec un son énorme comme une corne tibétaine… Richard explore les graves de l’instrument en jouant sur les harmoniques et le souffle.
Retour à la mélodie sur un accompagnement rythmique grandiose avec « Myosotis », autre hommage, mais aux papillons…
Pour le final, le trio joue la composition d’Herbert, « Neige Grave ». Après une introduction du baryton qui joue avec ses touches comme une sanza, la contrebasse et sa table d’harmonie rejoignent le saxophone pour un duo rythmique endiablé, bientôt soutenu par la batterie, pour un morceau puissant et… grave !
Le graphisme calligraphique minimaliste et élégant de la peintreSylvie Lobato, le poème de Saigyō Hōshi en exergue et la dédicace « aux anges de l’espoir » sur la pochette de Traces confirment la couleur de la musique : un esthétisme de la simplicité.
Le disque
Traces
Jean-Charles Richard Trio
Jean-Charles Richard (ss, bs, bansuri), Peter Herbert (b) et Wolfgang Reisinger (d).
Abalone – AB011
Sortie le 31 mai 2012
Liste des morceaux
01. « Tumulte » (4:47).
02. « Wiener » (3:58).
03. « Misfit-Bandit » (7:32).
04. « Le reliquaire du bonheur » (7:12).
05. « Neige Grave », Herbert (4:19).
06. « Bengalis » (4:25).
07. « Myosotis » (3:18).
08. « Nader » (6:01).
09. « Firmament » (5:56).
10. « Trait-Attrait », Herbert, Reisinger & Richard (3:11).
Toutes les compositions sont signées Richard sauf indication contraire.

Pulsion - Quintet résistance poétique
Que ce soit avec ses groupes, les orchestres d’Henri Texier, le sextet d’Yves Rousseau, L’œil de l’éléphant, le quartet d’Hélène Labarrière, le duo avec le comédien Frédéric Pierrot autour de l’Intranquillité de Fernando Pessoa ou le tout nouveau sextet Constellation, Marguet s’est forgé une solide réputation de batteur, bien sûr, mais aussi de compositeur.
Dès 1996, Marguet sort Trio Résistance chez Label Bleu, avec Sébastien Texier et Olivier Sens. Une dizaine d’années plus tard, il monte le Quartet résistance poétique. Tessier est toujours là, mais c’est Mauro Gargano qui tient la contrebass et Bruno Angelini est au piano. Le quartet enregistre un premier disque chez Chant du monde :Itrane, en 2008. Buscando la luz est le premier album de Marguet chez Abalone, en 2010. Pour leur troisième opus, Pulsion, le quartet est devenu un quintet avec l’arrivée de Richard aux saxophones (soprano et baryton) .
Assez logiquement, pour la sortie de Pulsion, le Quintet résistance poétique joue le répertoire du disque… composé intégralement par Marguet.
Les ambiances se succèdent dans « Espéranto » : après un démarrage dansant – caractère commun à la plupart des morceaux –, un piano mélodieux, une clarinette mystérieuse et un soprano effilée, le final revient sur une ritournelle entraînante.
Marguet joue aussi serré et net dans « Wasini Sunset ». Là encore, les tableaux se succèdent. Dans un premier temps, les soufflants et la main gauche du pianiste s’unissent dans un ostinato qui sert de décor à une belle mélodie dissonante, exposée par la main droite d’Angelini à l’unisson de l’archet de Gargano. Suit un duo presque classique de Texier et d’Angelini, avec Richard en contrepoint. Après un chorus mélodieusement free de Texier, Richard parcourt les registres du soprano avec des phrases arpégées énergiques. Le tout adossé au jeu musical et nerveux de Marguet qui contraste avec les motifs fluides de la basse.
« Tiny Feet Dance » lorgne davantage vers la musique contemporaine, notamment pour le solo captivant d’Angelini, avec ses ruptures rythmiques, ses dissonances, ses phrases en accords et autres clusters.
« Noces » (et « Amboseli », plus encore) évoque quelque peu l’univers d’Henri Texier : une rythmique foisonnante, une mélodie brillante, des échanges croisés intelligents entre les soufflants et une succession de scènes. Par exemple dans « Noces » : un duo rythmique de la contrebasse et de la batterie, un chorus dans les aigus de la contrebasse, un duo de l’alto et du piano digne d’Art Pepper et deGeorge Cable, une ballade au baryton…
« Le repère » est majestueux et dramatique comme une Ode, avec le bruissement des cymbales, les vibrations grandioses de la contrebasse, le jeu mystérieux du piano et la mélodie élégante que se partagent le soprano et la clarinette.
Avec son thème insolite et abrupt, énoncé à l’unisson par Texier et Richard sur une rythmique grondante, puis ses développements « neo-bop destructurés », entre mélodie et free, « San Francisco » pourrait s’apparenter à un morceau d’Ornette Coleman.
Quant à « Coral Spirit », morceau calme et subtil, il met en scène une batterie légère, les ostinatos délicats de la contrebasse, les accords discrets du piano et les chorus particulièrement inspirés du baryton et de l’alto.
Impulsion, instinct… Pulsion porte son titre à merveille : échange, énergie, diversité, joie… une musique de la vie, ultime résistance poétique !
Le disque
Pulsion
Quintet résistance poétique
Jean-Charles Richard (ss, bs), Sébastien Texier (as, cl, a cl), Bruno Angelini (p), Mauro Gargano (b) et Christophe Marguet (d).
Abalone – AB010
Sortie le 31 mai 2012
Liste des morceaux
01. « Espéranto » (3:43).
02. « Wasini Sunset » (7:45).
03. « Tiny Feet Dance » (7:54).
04. « Noces » (5:24).
05. « Le repère » (6:10).
06. « San Francisco » (9:08).
07. « Coral Spirit » (7:19).
08. « Amboseli » (6:52).
Toutes les compositions sont signées Marguet.

Within A Song – John Abercrombie Quartet

John Abercrombie est un habitué d’ECM : depuis 1975 il a enregistré plus d’une vingtaine de disques sous son nom pour le label munichois.Within A Song est son dernier album, depuis Wait Till You See Her, paru en 2009.
A l’écoute de Barney Kessel, Abercrombie passe de Chuck Berry au Berklee College Of Music de Boston. Il apprend le métier au Paul’s Mall où il joue avec Johnny Hammond Smith, puis les frères Brecker qui l’intègrent à leur groupe. Installé à New York, Abercrombie enregistre avec Gil EvansGato BarbieriChicoHamilton et Billy CobhamTimeless est son premier enregistrement pour ECM, en trio avec Jack DeJohnette et Dave Holland. Leader ou sideman, en orchestre ou en combo, Abercrombie a joué et enregistré avec tous les formats et un nombre de musiciens impressionnant : deCharles Lloyd à Marc Copland en passant par Loren StillmanMichel PetruccianiMcCoy TynerKenny Wheeler
Abercrombie enregistre pour la première fois avec Joe Lovano en 1988 dans le quartet d’Henri Texier (Izlaz et Colonel Skopje, avec Aldo Romano à la batterie). Il joue régulièrement avec Joey Baron dès la fin des années quatre-vingt dix. Et c’est dans le quartet de John Surman qu’Abercrombie enregistre avec Drew Gress, à la fin des années deux mille.
Dans Within A Song, Abercrombie rend hommage à ses jazzmen fétiches : Miles Davis (« Flamenco Sketches » - Sketches Of Spain),Ornette Coleman (« Blues Connotation » - This Is Our Music), John Coltrane (« Wise One » - Crescent) et Bill Evans (« Interplay » -Interplay). Il ajoute trois standards : « Where Are You » (Harold Adamson et Jimmy McHigh - 1936), « Without A Song » (Vincent YoumansEdward Eliscu et Billy Rose – 1929) et « Sometime Ago » (1962 - du pianiste argentin Sergio Mihanovich, qui vient de décéder, le 7 mai 2012). Le quartet joue aussi trois compositions d’Abercrombie. Un menu riche et varié !
Sonorité aérienne, parfois légèrement planante (« Wise One »), et phrasé fluide (« Within A Song »), la guitare d’Abercrombie est immédiatement reconnaissable. Le son velouté et ample du ténor de Lovano qui rappelle parfois Stan Getz, son jeu décontracté et ses lignes sinueuses se fondent à merveille dans la musique du guitariste (« Where Are You »). Gress passe d’un motif sourd (« Flamenco Sketches ») à une ligne souple (« Easy Reader »), voire une walking (« Within A Song »), mais toujours avec une sonorité particulièrement grave et épaisse (encore renforcée par la prise de son), comme dans le chorus de « Nick Of Time ». Elégant (« Interplay ») ou solennel (« Flamenco Sketches ») aux balais, musical aux baguettes (cymbales dans « Where Are You », chabada de « Blue Connotation »…)… La subtilité du jeu de Baron n’est plus à démontrer, à l’instar du dialogue en solo entre peaux et cuivres de « Blue Connotation ».
Les quatre musiciens semblent jouer ensemble depuis toujours : interaction exemplaire, symbiose musicale complète et accord parfait des sonorités. Des ballades aux morceaux « neo-bop », le quartet d’Abercrombie joue tout en toute liberté : Within A Song est une valeur sûre !
Le disque
Within A Song
John Abercrombie Quartet
John Abercrombie (guitare), Joe Lovano (saxophone tenor), Drew Gress (contrebasse) et Joey Baron (batterie).
ECM 2254
Sortie le 14 mai 2012
Liste des morceaux
01. « Where Are You », Adamson & McHugh (5:49).
02. « Easy Reader », Abercrombie (6:34).
03. « Within A Song », Abercrombie, et « Without A Song », Youmans, Elsicu & Rose (7:55).
04. « Flamenco Sketches », Davis (6:33).
05. « Nick Of Time », Abercrombie (5:54).
06. « Blues Connotation », Coleman (6:10).
07. « Wise One », Coltrane (9:10).
08. « Interplay », Evans (6:24).
09. « Sometime Ago », Mihanovich (6:25).