22 novembre 2014

Janvier 2012

Enrico Rava Tribe au Sunside

Prolifique à plaisir, Enrico Rava revient avec un nouveau quintet italien, un nouveau disque chez ECM et de nouveaux concerts au Sunside…
Le quintet
Rava a composé son quintet avec trois musiciens qui jouent souvent avec lui : le tromboniste Gianluca Petrella, le pianiste Giovanni Guidiet le batteur Fabrizio Sferra. Un nouveau venu tient la contrebasse :Gabriele Evangelista. Quant à Giacomo Ancillotto, il intervient à la guitare sur quelques morceaux du disque (« F. Express », « Tears For Neda »…), mais n’est pas présent lors des concerts parisiens.
Dans les clubs turinois Rava suit d’abord les traces de Chet Baker et de Miles Davis. A 23 ans il rencontre Gato Barbieri qui l’introduit sur la scène du free-jazz : Rava joue avec Don CherryMal Waldron et enregistre avec le quartet deSteve Lacy (The Forest And The Zoo). A la fin des années soixante le trompettiste s’installe à New-York et fréquente l’avant-garde du free jazz : Roswell RuddMarion BrownRashied AliCecil TaylorBill Dixon … Rava participe à l’enregistrement de Escalator Over the Hillavec le Carla Bley’s Jazz Composer’s Orchestra. En 1972, le trompettiste enregistre Il giro del giorno in 80 mondi, son premier disque en leader. La suite est connue : Rava écume les salles de concerts et les clubs, enchaîne les enregistrements, collectionne les prix et se partage entre ses groupes italiens, américains ou français.
Petrella est diplômé du Conservatoire de Bari en 1993  et entame sa carrière aux côtés du saxophoniste Roberto Ottaviano, avant de jouer avec Greg Osby, puis d’intégrer l’O.F.P. Orchestra. A partir de 1997, basé en Allemagne, Petrella accompagne des musiciens allemands et hollandais dans des contextes divers. En 2000 il rejoint l’Orchestre National de Jazz sous la direction de Paolo Damiani. Outre les formations de Rava, Petrella accompagne de nombreux musiciens internationaux (Steve SwallowSteve ColemanLester BowieJimmy OwensHamid DrakeMarc Ducret, Rudd, Pat MethenyJohn ScofieldJohn AbercrombieAldo Romano…) et italiens (Stefano BollaniRoberto GattoAntonello SalisPaolo FresuDanilo Rea,Francesco Bearzatti…).
Né en 1985, Guidi a étudié le piano avec Ramberto Ciammarughi. Rava l’a repéré lors d’un séminaire à Sienne et intégré à son Rava New Generation. Le pianiste fait aussi partie du Cosmic Band de Petrella et du trio de Sferra. Avec son quartet – Dan KinzelmannStefano Senni etJoao Lobo - Guidi a enregistré, entre autres, pour Cam Jazz.
De trois ans le cadet de Guidi, Evangelista a étudié la contrebasse avec Paolo Tomasi à l’Institut Musical Mascagni de Livourne et poursuit son apprentissage avec Alberto Bocini. Avant de se tourner vers le jazz, Evangelista commence une carrière classique. A partir de 2007 il étudie la contrebasse jazz avec Rufus ReidFurio Di CastriRiccardo Del FraEddie Gomez… et intègre la Berklee College of Music. Evangelista fait notamment partie du trio de Roberto Gatto (avecAlessandro Lanzoni) et a déjà accompagné de nombreux jazzmen :Chris PotterKurt RosenwinkelJavier GirottoBill StewartDanilo Rea
Sferra commence par jouer avec les grands noms du jazz italiens - Rita MarcotulliMassimo UrbaniAntonello Salis… - et étrangers – Baker,Lee KonitzKenny Wheeler… Le batteur reste une dizaine d’années dans le trio d’Enrico Pieranunzi, avec Enzo Pietropaoli à la contrebasse. Ensuite il monte le GPS Trio avec Guidi et Francesco Ponticelli à la contrebasse, joue dans le trio Cisi DiCastri Sferra, le quartet de Maurizio Giammarco et Phil Markowitz etc.
Tribe
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, Rava enregistre au moins un disque par an sur différents labels. Son premier enregistrement pour ECM a trente-sept ans : The Pilgrim And The Starsavec Rudd. Le label munichois a produit une douzaine de disques du trompettiste, dont Tribe, sorti en novembre 2011.
Tribe est constitué de douze morceaux composés par Rava, sauf le dernier qui est une improvisation commune. La moitié des thèmes est inédite sur disque et l’autre moitié figure déjà sur différents albums du trompettiste : « Tribe » est au menu de The Plot (1976 – John AbercrombiePalle Danielsson et Jon Christensen), « Planet Earth » fait partie de Secrets (1986 – Augusto MancinelliJohn Taylor, Di Castri et Bruce Ditmas), « F. Express » apparaît dans Quatre (1989 –Franco D’AndreaMiroslav Vitous et Daniel Humair), « Amnesia » et « Garbage Can Blues » figurent déjà dans Noir (1997 – Umberto TrombettaMaier Giovanni GirolamoDomenico Caliri et Roberto Cecchetto) et « Cornettology » est au programme de Tati (2005 – Bollani et Paul Motian).

Après plus de quarante ans de carrière à un niveau international, il est peu étonnant que Rava ait réussi à sculpter une musique d’une personnalité originale et attachante.
Tribe ne fait pas exception. En premier lieu la sonorité du quintet : dès les années soixante-dix Rava joue avec les contrastes entre la sonorité éclatante de la trompette et le son soyeux du trombone (« Amnesia »). Comme il faillit être tromboniste, son attachement à cet instrument se comprend… Le timbre de chaque instrument ressort d’autant plus clairement que les enregistrements ECM sont d’une grande pureté et mettent en relief chaque voix (« Tribe »). Les cinqmusiciens insistent également sur la sonorité naturelle, acoustique, de leurs instruments. Le rythme : à l’instar de moult formation de free-jazz, la section rythmique garde une grande liberté et n’hésite pas à mettre son grain de sel dans le dialogue des soufflants (« Choctaw »). L’harmonie : Rava et ses compères jouent in and out et ne cherchent pas à tous prix à rompre avec la tonalité, même si des morceaux rappellent ceux d’Ornette Coleman et de Don Cherry (« Cornettology »… hommage aux deux musiciens). La mélodie : c’est sans doute, avec la sonorité, la caractéristique la plus personnelle de la musique de Rava. Volontiers lyrique (« F.Express »), le trompettiste trace des lignes élégantes, aériennes… immédiatement reconnaissables.
Les irréductibles seront convaincus et les inconditionnels comblés : Tribe est un disque de free jazz lyrique cent pour cent Rava…
Le Sunside
A l’occasion de la sortie de Tribe, Rava a donné trois concerts au Sunside à Paris, les 13, 14 et 15 janvier. 

Reclus sur les tabourets du fonds de la salle avec d’autres invités - dont Aldo Romano, venu écouter un ami qu'il connaît depuis près de quarante ans (en 1978 le quartet, avec Rudd et Jean-François Jenny-Clark, enregistre déjà pour ECM…) – il est difficile de faire un compte-rendu sérieux du concert.
Voir. Un mur cache Guidi, une marée humaine engloutit Sferra et un océan de têtes submerge Evangelista. Restent Petrella et Rava qui jouent à cache-cache derrière les serveurs, les retardataires, les piliers de bar, les incontinents, le photographe de service et autres spectateurs sans siège.   
Entendre. Le mieux est encore de fermer les yeux. Le tintinnabulement des bouteilles et des verres se mêle subtilement à la musique du trompettiste. « Une Stella », « deux mojitos », « une assiette », « un instant s’il vous plaît » viennent se glisser subrepticement entre les notes. Les chuchotements et gloussements d’un couple en goguette rivalisent avec la  section rythmique. Les cliquetis d’un clavier d’ordinateur portable – même un chroniqueur se doit de gagner du temps ! – accompagnent les solistes. Les déclics de l’appareil photo du photographe de service ponctuent les chorus du quartet. Une vraie symphonie !
Écouter. L’exercice se révèle un tantinet ardu dans ces conditions, mais à force de persévérance et de concentration, la musique finit par passer des yeux et des oreilles au cerveau…
Il va de soit que l’auditeur retrouve les principales caractéristiques du disque pendant le concert : rythmique indépendante, connivence évidente entre le trombone et la trompette, liberté et souplesse des échanges, lyrisme assumé… Mais avec une chaleur humaine, une carrure et une densité sonore que Tribe, le disque, ne possède pas.
Petrella confirme ses qualités : unissons ou contrechants toujours à point nommé, effets amenés à bon escient et solos d’une liberté joliment contrôlée. Guidi alterne séquences minimalistes et envolées romantiques, qui en sont pas sans évoquer Bollani. Evangelista fait preuve d’un zèle sans faille avec des lignes ou des rifs dansants et portés par un son ample. Sferra est un batteur attentif et musical : son drumming foisonnant, mais léger, joue avec les nuances sonores pour souligner subtilement les phrases de ses compères. Tour à tour lyrique, majestueux, dansant, free, amusant… Rava garde l’énergie d’un mousse et l’expérience d’un vieux bosco, le tout servi par une sonorité flamboyante !

La présence de Rava, l’énergie et la connivence des musiciens, la musique à la fois intime et chaleureuse du quintet… Tout force l’admiration !
Le disque

Tribe
Enrico Rava Quintet
Enririco Rava (tp), Gianluca Petrella (tb), Giovanni Guidi (p), Gabriele Evangelista (b) et  Fabrizio Sferra (d), avec Giacomo Ancillotto (g).
Novembre 2011
ECM 2218





Liste des morceaux

01. « Amnesia » (4:34).
02. « Garbage Can Blues » (3:34).
03. « Choctaw » (5:38).
04. « Incognito » (10:00).
05. « Cornettology » (8:16).
06. « F.Express » (7:32).
07. « Tears For Neda » (6:16).
08. « Song Tree » (3:36).
09. « Paris Baguette » (3:39).
10. « Planet Earth » (3:04).
11. « Tribe » (5:00).
12. « Improvisation » (3:37).
Toutes les compositions sont signées Rava sauf indication contraire.

Diego Imbert – Next Move

Diego Imbert a laissé mijoter sa musique avant d’enregistrer deux disques en quartet constitué de compagnons au long cours :David El-Malek au saxophone ténor, Alex Tassel au bugle etFranck Agulhon à la batterie. Après A l’ombre du saule pleureur en 2009 le quartet a sorti Next Move le 29 septembre 2011.
Enfant, Imbert apprend le violon classique puis, adolescent, passe à la basse électrique et, adulte, se tourne vers la contrebasse… Il étudie le jazz au CIM à Paris et au Centre Musical et Créatif de Nancy. Diplômé d’État, il enseigne au CMCN et au MAI, participe au magazine Bass & Drums etc. Après avoir peaufiné sa technique auprès d’Eddie Gomez et de Jean-François Jenny-Clark, Imbert sort son premier disque –Ametys – en 1993. Éclectique, Imbert apparaît dans le Paris Jazz Big Band, accompagne Biréli Lagrène, est membre du trio de Sylvain Beufet du quartet de Flavio Boltro, accompagne moult autres jazzmen (deFranck Avitabile à Aldo Romano en passant par Rosario Giuliani,Pierrick PédronRichard Galliano…), joue dans des orchestres classiques (Orchestre de Massy, Orchestre Philharmonique de Lorraine, Orchestre Colonne), et compose pour le cinéma, la danse et le théâtre.
El-Malek est un phénomène rare : il apprend le saxophone ténor et s’inscrit au conservatoire de Montreuil dans la classe de Jean-Claude Forenbach à l’âge de vingt-ans ! Après avoir pris en main son instrument et découvert les bases de l’harmonie, El-Malek consacre quelques années à rattraper son retard. Cinq ans plus tard, en 1995, au sein de la formation de Bruno Angelini, il reçoit le troisième prix de soliste et le deuxième prix de composition du concours de La Défense puis le premier prix de groupe au concours de Jazz à Vannes ! Dès lors El-Malek est lancé : il participe au Blowing Trio de Laurent Coq, intègre le groupe de Laïka Fatien, collabore avec Vincent Artaud etChristophe Dal Sasso, codirige un quartet avec Baptiste Trotignon, enregistre en leader ou avec Elisabeth Kontomanou et André Ceccarelli, monte Music From The Source inspiré des musiques traditionnelles juives…
Tassel débute la musique au piano, mais c’est la trompette qu’il choisit d’étudier au conservatoire de Rouen, sans doute influencé par son cousin Éric Le Lann. Installé à Paris, Tassel monte son premier quintet avec Trotignon, Olivier Temime, Artaud et François Ricard. Suivront un quintet avec Guillaume Naturel et Time 4 Change deLaurent de Wilde. Après avoir enregistré Soulshine de DJ Cam, Tassel sort plusieurs disques de Nu Soul, toujours en compagnie de Naturel. En parallèle Tassel joue avec de nombreux musiciens d’horizons différents : Christian BrunStéphane HuchardSanseverinoDisiz La Peste, Wise… 
Agulhon apprend d’abord la batterie avec Philippe Le Van et rejoint le Centre Musical et Créatif de Nancy en 1990. Il est également diplômé du Drummer Collective de New York en 1995. De retour en France, Agulhon écume les clubs de jazz et fait partie de nombreuses formations : Boltro, Pierre de Bethmann « Ilium » Quartet, les trios d’Éric Legnini et de Lagrène, les quartet de Pédron, Stefano Di BattistaOlivier Ker Ourio… Parallèlement Agulhon enseigne au CMCN, au MAI et au Centre des Musiques Didier Lockwood.
Next Move propose une « Suite » et neuf morceaux composés par le contrebassiste. Écrits avec concision et développés sobrement, les morceaux ne vont pas au-delà de cinq minutes et des poussières.
Imbert a quasiment respecté la forme baroque pour bâtir sa « Suite » : quatre mouvements et, fantaisie à l’italienne, deux intermezzos. Comme il se doit, le premier mouvement est une allemande qui part d’un thème mystérieux, à tiroirs. Le quartet continue avec une courante qui tourne autour d’élégants contrepoints croisés. Suit l’inévitable sarabande, dans lequel Imbert passe à l’archet. La walking de la contrebasse et les roulements de la batterie précipitent la « Suite » dans sa gigue finale.
Souvent dissonants et exposés à l’unisson, les thèmes flirtent avec un free apaisé fortement teinté de hard-bop. Les développements mettent en scène de subtils jeux de voix entre le bugle et le ténor (« Suite », « November’s Rain »), tandis que la section rythmique, volontiers touffue (« Shinjuku »), reste dansante (« Barajas »), voire funky (« Fifth Avenue »). Ajoutées à l’instrumentation du quartet, ces caractéristiques ne sont pas sans rappeler la musique d’Ornette Coleman (« Arrivals ») ou de Sonny Rollins (« Fifth Avenue »). Phrases sinueuses et élégantes (« Arrivals »), solos énergiques plutôt dans une veine hard-bop (« Electric City »), formules limpides (« Suite Part 2 »), sonorité puissante, mais brillante pour l’un et velouté pour l’autre… : les approches d’El-Malek et de Tassel se rejoignent. Toujours aussi dynamique, Agulhon déploie un jeu foisonnant, mais n’empiète jamais sur le discours des autres musiciens grâce à sa maîtrise des nuances sonores, son contrôle du tempo et une ouïe attentive. Imbert est un bassiste solide et mélodieux : solide par sa mise en place précise et son gros son bien grave qui assurent des lignes et motifs de basse robustes et rassurants ; mélodieux car il privilégie la linéarité aux ruptures et son jeu, tout en fluidité, coule de source (« Next Move » ou « Baggage Claim », un solo a capella)
El-Malek, Tassel, Imbert et Agulhon se connaissent sur le bout des oreilles : ils s’écoutent comme il faut pour que leur musique soit cohérente et équilibrée. Next Move s’inscrit dans cette lignée « free-bop moderne » (étiquette quand tu nous tiens !), toujours pleine de rebondissements et d’heureuses surprises !
Le disque
Next Move
Diego Imbert Quartet
Alex Tassel (bugle), David El-Malek (ts), Diego Imbert (b) et Franck Agulhon (d).
29 Septembre 2011
Such Production
La liste des morceaux
01. « Suite Part 1 » (3:21).
02. « Intermezzo 1 » et « Suite Part 2 » (5:50).
03. « Suite Part 3 » (4:32).
04. « Intermezzo » et « Suite Part 4 » (4:03).
05. « November’s Rain » (3:38).
06. « Fifth Avenue » (5:10).
07. « Barajas » (5:05).
08. « Electric City » (4 :41).
09. « Next Move » (4:45).
10. « Shinjuku » (2:34).
11. « Arrivals » (3:29).
12. « Baggage Claim » (1:27).
Toutes les compositions sont signées Diego Imbert.

Hommages 2011

Pour quelques musiciens de jazz disparus en 2011.
George Shearing
(12 août 1919 - 14 février 2011)


Né aveugle, George Shearing débute le piano à trois ans, fait un bref passage à la Linden Lodge School de Londres et commence sa carrière de pianiste à la fin des années 30 : Leonard Feather lui fait enregistrer son premier disque en 1937. Devenu célèbre, Shearing joue avec la BBC, accompagne Stéphane Grappelli pendant la guerre, remplace Erroll Garner dans le trio d’Oscar Pettiford, monte l’un des premiers groupes de Latin-Jazz au début des années 50… Mais Shaearing s’est surtout fait remarquer avec le quintet qu’il a créé en 1949 en compagnie de Marjorie Hyams au vibraphone, Chuck Wayneà la guitare, John Levy à la contrebasse et Denzil Best à la batterie. Formule que le pianiste abandonne en 1978 pour se tourner principalement vers le solo, duo ou trio. En 2004, une chute dans son appartement newyorkais oblige Shearing à ralentir son activité, après quasiment soixante-dix ans de carrière...
François Chassagnite
(26 juin 1955 – 8 avril 2011)


François Chassagnite commence son apprentissage musical par le cornet et se passionne pour le jazz lors de ses études de vétérinaire. A vingt-et-un ans Chassagnite débute sa carrière de trompettiste. Après avoir joué dans les grands orchestres de Jean-Loup LongnonAntoine HervéDenis Badault… le quintet d’Andy Elmer et diverses autres formations, Chassagnite fait partie du premier Orchestre National de Jazz dirigé par François Jeanneau. A côté des orchestres (Big Band Lumière, Gérard Badini…), Chassagnite enseigne (CIM, IMFP, Conservatoire de Nice…), participe à des petites formations (Gérard GustinBibi RovèreEmanuele Cisi…) et enregistre en leader (Samya Cynthia, ChazzeologieSavaneUn poco loco…).
Billy Bang
(20 septembre 1947 - 11 avril 2011)


Né en Alabama et grandi à New-York, Billy Bang apprend d’abord le violon, mais fasciné par les rythmes afro-cubains, il se tourne vers les percussions et la batterie. A son retour du Vietnam, Bang rejoint le mouvement antimilitariste. Il reprend la musique à la fin des années 60, influencé par la musique de John Coltrane et d’Ornette Coleman. Les expériences au violon de Coleman et de Leroy Jenkins ramènent Bang à son instrument initial. Il joue avec Sam Rivers et Franck Loweavant de monter Survival Ensemble. De 1977 à 1986, Bang fonde avecJohn Lindberg (b) et James Emery (g) son groupe le plus connu : The String Trio of New York. A partir des années 80 Bang joue dans des contextes très variés : Material (Bill Laswell), Decoding Society (Ronald Shannon Jackson), Forbidden Planet, Marilyn CrispellDon CherryJames « Blood » UlmerSun RaAndrew Cyrille… Bang joue aussi pour le sculpteur Alain Kirili, monte un projet autour du Vietnam et enregistre en solo…
Zim Ngqawana
(25 décembre 1959 – 10 mai 2011)


Zim Ngqawana vient tardivement à la musique : il commence la flûte à vingt-et-ans, progresse vite, intègre la Rhodes University (Grahamstown, Afrique du sud) puis sort diplômé de l’Université du Natal. Max Roach et Wynton Marsalis le remarquent lors d’un concert avec les Jazzanians et le recommandent à l’Université du Massachusetts, où il étudie avec Archie Shepp et Yusef Lateef.  De retour en Afrique du sud Ngqawana joue avec Abdullah Ibrahim etHugh Masakela. En 1995 Ngaqwana crée un groupe avec le pianisteYandile Yenana : Ingoma.
Ray Bryant
(24 décembre 1931 - 2 juin 2011)


Ray Bryant naît dans une famille de musiciens : il est le frère cadet deTommy Bryant et l’oncle de Kevin et Robin Eubanks. Il débute sa carrière avec Tiny Grimes à la fin des années 40 et, en 1953, devient le pianiste maison du Blue Note de Philadelphie. Ce qui lui permet d’accompagner la plupart des grands noms du jazz : Charlie Parker,Miles DavisLester Young… A la fin des années 50 il tourne ou enregistre avec Carmen McRae (1956 – 1957), Coleman Hawkins etRoy Eldridge (Newpoprt, 1957) et Jo Jones (1958). Installé à New York dans les années 60, Bryant joue avec Sonny RollinsCharlie Shavers et Curtis Fuller, avant de sortir quelques tubes funky (« Little Susie », « Cubano Chant »).
 Graham Collier
(21 février 1937 - 10 septembre 2011)


Graham Collier apprend la contrebasse et devient le premier musicien anglais diplômé du Berklee College of Music. Après ses classes dans l’orchestre de l’armée, il rejoint le grand orchestre de Jimmy Dorsey. Au milieu des années 60 Collier revient en Angleterre où il forme le Graham Collier Ensemble avec la fine fleur des musiciens de jazz d’outre-manche : Harry BeckettKenny Wheeler, John Surman… Dès lors Collier se consacre à sa musique avec des groupes tels que Hoarded Dreams, Loose Tubes etc. A côté de ses orchestres, Collier prend la direction du département jazz de la Royal Academy of Music de Londres, crée le label Mosaïc, anime pendant sept ans le magazine Jazz Changes et monte différents projets avec des orchestres européens (Danish Radio, NDR Bigband)…
Johnny Raducanu
(1 décembre 1931 – 19 septembre 2011)


Né dans une famille mélomane, Johnny Raducanu commence par apprendre la contrebasse avant de passer au piano à l’âge de 19 ans. Fondateur de la Romanian Jazz School, président de la Fédération Roumaine de Jazz et membre honoraire de la Louis Armstrong Academy of New Orleans, le « Monsieur Jazz de la Roumanie » (Leonard Feather) a notamment accompagné Art FarmerSlide Hampton et joué avec Friedrich Gulda.
Butch Ballard
(26 décembre 1917 – 1 octobre 2011)


Butch Ballard joue d’abord avec Fats Waller puis dans l’orchestre deCootie Williams. Il rejoint aussi brièvement Louis Armstrong. Son association avec Eddie « Lockjaw » Davis pour des sessions au Minton’s le fait connaître et consolide son image de batteur puissant. Ballard participe aux big bands de Count Basie et de Duke Ellington, avec qui il enregistre aussi en trio. A partir des années 60, basé à Philadelphie, Ballard partage son temps entre l’enseignement et son big band.
 Walter Norris
(27 décembre 1931 - 29 octobre 2011)


C’est aux côtés de Howard Williams que Walter Norris, encore adolescent, apprend le métier. Après un séjour chez Jimmy Ford, Norris monte un trio à Las Vegas et, à la fin des années 50, déménage à Los Angeles où il joue avec Jack SheldonFranck RosolinoHerb Geller et participe à l’enregistrement de Something Else!!!!, premier disque d’Ornette Coleman. Norris dirige ensuite le Playboy Club, fait partie de l’orchestre de Thad Jones et Mel Lewis, puis s’installe à Berlin en 1977. Dès lors il se consacre à l’enseignement et donne des concerts essentiellement en Allemagne.

 André Hodeir
(21 janvier 1921 – 1 novembre 2011)

Violoniste de formation, André Hodeir étudie avec Olivier Messiaenet sort du CNSMDP avec trois premiers prix : fugue, harmonie et histoire de la musique. Hodeir joue dans l’orchestre d’André Ekyan, puis participe à des sessions avec Django ReinhardtKenny Clarke,Don ByasJames Moody… De 1947 à 1950 Hodeir est rédacteur en chef de Jazz Hot. En 1954 il crée le Jazz Groupe de Paris pour interpréter ses œuvres. C’est également en 1954 qu’est publiéHommes et problèmes du jazz, un recueil majeur d’essais analytiques et critiques sur le jazz. Jusqu’au début des années 70, Hodeir poursuit sa carrière de compositeur (Anna Livia PlurabelleBitter Ending) et d’essayiste, avant de se consacrer définitivement à la littérature.


Paul Motian
(25 mars 1931 - 22 novembre 2011)

A douze ans Paul Motian apprend la batterie. Il monte à New York en 1955 et accompagne de nombreux musiciens : Thelonious Monk,Lennie TristanoColeman HawkinsTony ScottGeorge Russell… Avec Scott LaFaro, Motian rejoint le trio de Bill Evans avec qui il reste jusqu’en 1963. Après une année avec Paul Bley, Motian joue avecKeith Jarrett jusqu’en 1977. En parallèle, Motian accompagne Charles LloydCarla BleyCharlie Haden… et enregistre à la tête de ses propres formations pour ECM. Après avoir quitté Jarrett, Motian poursuit pour l’essentiel une carrière de leader chez JMT, Soul Note, Winter & Winter et ECM avec des groupes à géométrie variable dans lesquels jouent aussi bien Joe Lovano que Bill FrisellJoshua RedmanKurt Rosenwinkel

 Bob Brookmeyer
(19 décembre 1929 - 15 décembre 2011)

Bob Brookmeyer commence par jouer du piano dans les bals, mais accompagne Stan Getz au trombone à pistons en 1953. Brookmeyer se fait connaître en participant au quartet de Gerry Mulligan, puis auJimmy Giuffre Three. Brookmeyer co-fonde ensuite un quintet avecClark Terry, participe à l’orchestre de Thad Jones et Mel Lewis et, dans les années 70, joue essentiellement en studio. Après un séjour en Europe, Brookmeyer revient aux Etats-Unis et enseigne au New England Conservatory of Music. Parallèlement il continue de composer, d’arranger et d’enregistrer avec son big band européen : The New Art Orchestra.


Sources :
AllMusicGuide
Wikipedia 
Le dictionnaire du jazz (Robert Laffont).

2012